open search menuopen langage menutoggle menu
Toutes les actualités

Le Métavers vu des entreprises : 3 temps pour l’appréhender

Depuis quelques mois, le Métavers est devenu le buzzword de tous les médias et des milieux économiques. Face à ce brouhaha dans lequel il est bien difficile de se retrouver, les dirigeants d’entreprises se posent de nombreuses questions.

Par Jacques Baranger, Partner chez Talan, en charge de l'offre Métavers


De quoi parle-t-on réellement ? Le métavers est-il un phénomène de mode ou répond-il à des enjeux très concrets ? Mon entreprise est-elle concernée ? Sur quoi devrais-je m’engager et quand ? … Pour aborder le phénomène du métavers, il convient de se replonger il y a 10 ans, lorsque la transformation digitale, autre phénomène d’ampleur, posait exactement les mêmes questions. Les entreprises ont alors traité le digital en trois temps d’adaptation qui représentent une parfaite grille d’approche aujourd’hui pour mieux appréhender et agir dans le cadre du métavers.

Pour commencer, les entreprises doivent comprendre puis se positionner vis-à-vis de la « génération-métavers ». A l’instar des digital-natives du début des années 2010, les « métavers-natives » des années 2020 s’appuient de manière naturelle sur les outils technologiques les plus récents et s’emparent des usages qui leur sont proposés pour inventer de nouveaux standards sociétaux. A l’époque, les digital-native avaient massivement adopté le smartphone et accéléré l’émergence des réseaux sociaux, pour créer de nouveaux comportements et de nouvelles attentes. Toujours connectés, ne se déplaçant plus dans les boutiques ou les agences physiques, ils n’appelaient même plus les services de relation client, préférant recourir aux avis de leurs communautés dans les réseaux sociaux.

Pour la nouvelle génération, celle des « métavers-natives », l’évolution des technologies et des usages de ces dernières années, notamment proposée dans des jeux vidéo innovants, puis dans des « crypto mondes » pensés sur les mêmes principes, les a conduits à élaborer des standards sociétaux qui leur sont propres : persistance des univers, identité numérique forte, propriété numérique sécurisée et économie de créateur, gestion décentralisée des communautés, types d’immersions variées issues d’un mélange étroit entre le virtuel et le réel ... ne pas en tenir compte lorsqu’on s’adresse à eux, ne pourra que créer de l’incompréhension et un manque d’adhésion.

Dans les années 2010, les entreprises avaient choisi d’adresser spécifiquement la génération des « digital-natives ». Par exemple, les opérateurs télécoms avaient créé des filiales dédiées comme Sosh ou B&You, ou des banques comme ING avaient créé des filiales full-digital, type ING Direct.. Confrontées aujourd’hui aux « métavers-natives », les entreprises doivent, dans un premier temps, comprendre ces nouvelles orientations sociétales et décider des meilleures stratégies pour y répondre.

 

Dans un second temps, les entreprises doivent se poser la question d’une généralisation éventuelle.

Les comportements et attentes des digital natives des années 2010 s’étaient rapidement propagés, même atténués, vers le reste de la clientèle ou des collaborateurs (diffusion du smartphone, nouvelles habitudes connectées…). Les entreprises avaient alors passé au crible l’ensemble de leurs produits, processus, modes de fonctionnement pour systématiquement les adapter à différents filtres issus du digital, et notamment celui du « mobile first ». Pour le métavers, l’équivalent consistera à s’adapter, par exemple, à une généralisation de l’« immersif first ».

Pour finir, le troisième temps d’adaptation des entreprises consistera à faire face aux effets d’échelle. Il y a dix ans, la généralisation du digital a conduit les entreprises à de nombreuses évolutions de leur informatique, de leurs modes de fonctionnement interne, de leur organisation, de leur gestion des compétences et des carrières, de leur recrutement voir de leur culture ou même de leur raison d’être. Dans les années à venir, la prise en compte des métavers-natives, puis la généralisation éventuelle de l’immersif à l’ensemble de la clientèle et à l’ensemble des collaborateurs, nécessiteront de nombreuses transformations similaires de la part des entreprises :  nouveaux métiers, nouvelles compétences, évolution de leur informatique et de leurs modes de fonctionnement, etc …, mais aussi réflexions autour de l’identité de marque, ou de la raison d’être. Ce troisième volet de la vague métavers devra impérativement être anticipé pour éviter un véritable déclassement.

Comme on le voit, le métavers est un sujet de fond qui va durablement transformer les organisations et les obliger à explorer dans les années qui viennent de nouveaux modes d’interaction et à repenser sur le long terme leur rapport à la société.