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Gagner la bataille de l’intelligence artificielle

L'intelligence artificielle va créer de nouveaux usages et de nouveaux services. Il est impératif que la France saisisse cette opportunité, elle qui dispose déjà d'un terreau fertile à son développement.

Philippe Lerique, Partner IA, nous explique pourquoi.

 Retrouvez l'intégralité de la tribune dans Les Echos en cliquant ici

philippe lerique partner intelligence artificielle

Depuis quelques mois, l'intelligence artificielle fait la une des médias et pas forcément sous son meilleur jour. Le développement de l'IA entraînerait la destruction d'un grand nombre d'emplois, l'homme serait asservi par une machine devenue plus performante que lui.

Ces inquiétudes sont légitimes et la profession y répond. Google, Facebook, Microsoft, IBM et Apple ont créé, il y a un peu plus d'un an, une organisation commune – Partnership on AI -afin de définir notamment un cadre de bonnes pratiques en matière d'éthique. Une autre association, OpenAI, menée entre autres par Elon Musk (Tesla, SpaceX) s'assure que les progrès de l'IA profitent bien à la société.

Révolution technologique

Dans la bataille internationale qui s'engage, la France ne peut pas prendre le risque de passer à côté de cette nouvelle révolution technologique, en agitant, comme trop souvent, le principe de précaution. Notre pays a raté la bataille de l'industrialisation, il ne peut perdre celle de l'IA.

Le parallèle avec l'industrialisation est, de fait, éclairant si l'on prend pour exemple le modèle allemand. Excellant dans l'art du consensus avec les partenaires sociaux, les entreprises outre-Rhin ont su moderniser leur outil de travail. Rapporté au nombre d'habitants, l'Allemagne possède, près de deux fois plus de robots industriels que l'Hexagone selon la dernière étude annuelle de l'International federation of robotics (IFR). Ce qui lui a permis d'augmenter sa productivité.

Loin de détruire des emplois, notre voisin a pu créer de nouveaux services, accepter des commandes auxquelles il ne pouvait pas répondre, rapatrier des activités qui avaient été délocalisées. Quant aux ouvriers et agents de maîtrise qui travaillaient sur les lignes de production, ils ont été repositionnés sur des postes à plus forte valeur ajoutée ou de nouvelles activités permises par la disponibilité (re) trouvée.

Professeur de robots

A l'instar de la robotisation, l'introduction de l'intelligence artificielle va changer le positivement de nos organisations. Les agents virtuels, de type « chatbots », répondront aux questions et accompagneront les utilisateurs dans les activités les plus courantes, laissant aux opérateurs humains les cas les plus complexes. La relation client gagnera en qualité

L'intelligence artificielle ne se limite pas à l'automatisation des tâches. Elle permet de créer de nouveaux services, véritablement disruptifs. Allégée dans ses activités opérationnelles, l'entreprise pourra, elle, consacrer davantage de temps à sa politique d'innovation.

L'IA va aussi créer de nouveaux métiers comme ceux de coach et de professeur de robot. Le terme de « machine learning » (d'apprentissage automatique) est trompeur. Une machine n'apprend pas toute seule. Il faut lui enseigner les subtilités d'un métier, modéliser pour elle les « process » d'une activité.

A partir d'un jeu de données d'un volume suffisant, le coach va entraîner la machine. Mais avant d'en arriver là, le professeur des robots va, lui, mettre en place puis développer les apprentissages, qui, pour beaucoup, sont l'essence de l'identité et des savoir-faire de l'entreprise. En fonction de la finalité poursuivie, différentes briques d'intelligence cognitive seront utilisées comme la reconnaissance de formes, le traitement d'images, l'analyse sémantique, la reconnaissance vocale ou la traduction automatique. Chacune d'entre elles devant être façonné et adaptée comme on forme un nouveau collaborateur.

Des recommandations attendues

Si dans un premier temps, ces fonctions seront externalisées, elles entreront rapidement dans les organigrammes des entreprises tant elles revêtent une importance stratégique et, ce, dans tous les secteurs d'activité. Un assureur pourra optimiser la gestion des sinistres sur la base des photos du véhicule accidenté. Un opticien proposera une monture de lunettes personnalisée correspondant parfaitement à la morphologie du visage de son client. Les cas d'usage sont infinis.

Avec ses mathématiciens et ses chercheurs en sciences cognitives, réputés dans le monde entier, notre pays a de sérieux atouts à faire valoir en intelligence artificielle. Des Français occupent des postes clés dans ce domaine, à commencer par Yann LeCun, directeur du laboratoire de recherche en intelligence artificielle de Facebook.

Un autre mathématicien prestigieux (et député LREM), Cédric Villani, s'est vu confier, à la rentrée, une mission d'information sur l'IA, six mois après un premier rapport. Le Lauréat 2010 de la médaille Field remettra en fin d'année ses recommandations. Une étape importante pour faire de la France non plus un suiveur, mais un leader.

7 novembre 2017